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Un article sur la Ferme de l'Abbé Rozier

AIDEN-Presse

Bonjour à tous,
Rue89Lyon traite de l’exploitation ! Un article de
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Les fermes urbaines : cultiver à la verticale pour nourrir Lyon ?

Culture hors-sol et serre verticale. Deux expériences sont en cours à Lyon. Ces nouveaux modes d’agriculture sont-ils la solution pour permettre une production suffisante en milieu urbain ?


On ne parle pas ici de charmantes bâtisses de campagne entourées de champs, avec quelques poules caquetant dans le chemin, coincées entre deux tours d’immeubles.
Ce sont des espaces clos où les salades poussent verticalement et les herbes aromatiques s’épanouissent sous des lumières artificielles.

Au bord du périph’, les formes de l’agriculture urbaine

À Ecully, près de l’autoroute A6, s’étendent 8 hectares de terre sur lesquels poussent des arbres, herbes, légumes bio. Un Eden agricole à quelques centaines de mètres de Lyon. Une fois passé le portail de l’entrée nord, le doux ronronnement d’un tracteur nous accueille : pas de doute, c’est la campagne, ou presque.
Ici, plusieurs acteurs se partagent les lieux et illustrent à eux seuls les diverses forment que peut revêtir l’agriculture urbaine.
Tout d’abord, la Ferme de l’Abbé Rozier cultive les sols, à l’extérieur et sous serre. Ce projet, porté par le Centre de Formation et de Promotion Horticole, permet notamment l’insertion sociale grâce au partenariat avec Aiden Chantiers. Maraîchage bio, vente directe sont au programme.
Le lieu sert aussi de terrain pédagogique. Les élèves viennent repérer les espèces et des activités avec le public sont organisées. C’est un espace de mise en pratique.
À côté, une ferme-pilote, au statut d’expérimentation, a vu le jour en complément de cette activité d’agriculture traditionnelle (à ceci près qu’elle est réalisée en milieu urbain).

Substrat et solutions nutritives à la place de la terre

L’entreprise Refarmers a été fondée il y a deux ans par Eric Dargent, ancien salarié du WWF. La ferme-pilote, la Petite Ferme du Grand Lyon, se donne pour objectif de développer une polyculture « intégrée circulaire » hors-sol et à petite échelle, du fait de la contrainte de l’espace.
La polyculture permet de proposer un grand nombre de produits. La partie « intégration » tient au fait que des produits de cette polyculture sont les maillons de la chaîne de production : les déchets des uns peuvent devenir des nutriments pour d’autres. Enfin, la « circularité » réside dans la reprise de déchets organiques en ville : les déchets n’en sont donc plus… un système sur lequel travaille aussi Refarmers, dans le cadre du projet européen Horizon 2020.
Le modèle de la petite ferme-pilote d’Écully fonctionne par hydroponie (culture sur un substrat neutre, irrigué par des solutions nutritives), notamment via la technologie Zip Grow importée des Etats-Unis.
C’est cette installation, développée par l’entreprise américaine BrightAgrotech, que Refarmers exporte aujourd’hui dans plusieurs villes européennes, avec une cinquantaine de clients.
À la manière des métropoles qui concentrent les habitants dans des immeubles toujours plus hauts, le modèle Zip Grow permet la pousse d’herbes et légumes à feuilles de façon verticale. Pas de label bio malgré l’absence de pesticides : le hors-sol ne peut pas (encore) en bénéficier.
Ici, ciboulette, cerfeuil et autres roquettes se déploient sagement dans une mousse artificielle qui filtre les matières organiques. Les plantes s’enracinent dans ce « media » et croissent ensuite de façon perpendiculaire au sol, et en hauteur, avec un éclairage naturel optimisé par la verticalité. L’atout: un rendement multiplié par 2 ou 3, en comparaison d’une culture au sol conventionnelle.

Une niche plutôt mal vue

Les plantes attendent de rejoindre les plats de restaurateurs lyonnais qui viennent s’approvisionner dans la serre, comme le souligne Eric Dargent :

« Qualité et fraîcheur, c’est cela qu’ils recherchent. L’agriculture urbaine ne nourrira pas les villes comme Lyon, ce qui compte, c’est la production de niche. En l’occurrence, ici, nos herbes fraîches. »

L’agriculture urbaine sera-t-elle la production agricole de demain ? Difficile pour l’heure d’imaginer de grandes villes comme Lyon autosuffisantes avec ces techniques. Parmi les premiers obstacles : le manque de foncier et son prix.
Pour contourner cette difficulté, les techniques de culture verticale ou l’utilisation d’espaces encore inutilisés comme les toits se multiplient.
Christine Aubry est ingénieur de recherche à l’INRA. Elle est responsable d’une équipe de recherche sur l’agriculture urbaine à AgroParisTech. Selon elle, les volumes de production potentiels ne sont pas suffisants mais pas forcément anecdotiques. Exemple : l’idée de faire du maraîchage sur les toits de Paris.

« Ce qu’on a pu montrer à l’INRA, c’est qu’on peut produire entre 5 et 8 kilos de légumes par m2 sur un toit productif en plein air ou dans des jardins associatifs urbains. Il est clair qu’on est très loin de l’autosuffisance maraîchère en ville ! Mais le potentiel de production urbaine n’est pas pour autant négligeable, surtout en ce qui concerne les populations les plus vulnérables », expliquait-elle à MidiOnze.

Si les expérimentations se multiplient, elles restent encore peu soutenues par les pouvoirs publics et mal perçues par le monde agricole.
Eric Dargent de Refarmers le confirme. Il n’a pas reçu d’aides des collectivités pour monter son projet. Pour lui, le monde agricole demeure très conservateur, et toute expérimentation ne bénéficie pas forcément de bienveillance :

« D’un côté, la FNSEA, les grandes exploitations, voient ce type de culture comme un gadget, inutile. Les autres, à tendance Confédération paysanne, gardiens de la terre, perçoivent la culture hors-sol comme une aberration. »

Cela ne l’empêche pas de continuer ses recherches. Il développe en ce moment les « ZipFarms », un système de culture verticale « indoor », avec des LED pour lumière.
L’article en entier sur le site de Rue89Lyon.